Aminata Diallo sort de son silence: «Il faut sortir Khalifa et foncer sur la table du dialogue»
Elle avait complètement disparu de la circulation, perdue
de vue, même à la faveur de la campagne présidentielle. Mais, Aminata Diallo
est bien là, toujours scotchée à Khalifa Ababacar Sall. Dans cet entretien
téléphonique, ce 8 mars, Journée de la femme, elle dit ses vérités.
Les Echos : Que devient Aminata Diallo après une longue absence sur la
scène politique ?
Aminata Diallo :Je suis là et bien là. Je profite de mon temps pour
faire des études. Je suis dans des combats depuis 2000, dans l’opposition, avec
le Parti socialiste. Mais, à un moment donné de la vie, il faut faire des
choix. Je suis avec Khalifa Sall. Nous sommes dans un combat et le combat,
quelle que soit la situation, finira un jour. Et quand ce sera la fin, nous
allons faire autre chose. C’est à dire aller à la reconquête du pouvoir. Et il
faut du temps à cela. Alors j’en profite, depuis l’année dernière, pour
continuer mes études. Aujourd’hui, j’ai un Certificat en pratique protocolaire
(diplomatie). J’ai un diplôme supérieur en diplomatie. Actuellement, je suis en
train d’écrire mon mémoire et inchallah, après la fête de l’indépendance, je
vais soutenir pour avoir le diplôme. En dehors de cela, je me suis aussi lancée
dans l’entreprenariat féminin».
Quand Khalifa a été révoqué de la mairie, moi aussi, on m’a
fait sortir, parce que j’étais chef de cabinet du maire. C’est normal que quand
le maire quitte la mairie, que je quitte la mairie. Et c’est ce que j’ai fait.
C’est en toute responsabilité j’ai quitté le poste. Je n’avais plus rien à
faire à la mairie de Dakar, même si tout le monde, la mairesse au premier chef,
est en train de s’activer pour que je revienne». Mais, le plus important, est
que je puisse faire ce que je veux. Ainsi, je me suis lancé dans
l’entreprenariat féminin en produisant de l’eau de Javel : «Javel Amina»,
comme le nom de la maman du Prophète Mohammad (Psl). Qu’une femme puisse
s’investir dans un monde comme ça, c’est très rare. Mais nous sommes des femmes
de défis. Je ne suis pas seule dans ce projet, je suis avec d’autres femmes de
mon quartier de Grand-Yoff. Nous sommes en train de travailler cette
expérience. Des femmes et des hommes nous y accompagnent, en achetant le
produit. D’autres, en nous appelant. Je m’active aussi dans le nettoyage…j’ai
crée carrément une entreprise qui vient de démarrer.
Vous êtes donc en train de vous reconvertir…
Non, ce n’est pas une reconversion. C’est juste que depuis l’âge de 12 ans, je
suis dans la politique. J’ai une grande expérience dans le domaine, en
pratiquant des grands de la politique, comme le Président Abdou Diouf, Tanor
Dieng, Khalifa Sall et les autres. J’ai grandi auprès de grandes personnes
comme Diouf, Mme Ndioro Ndiaye, ancienne ministre de la Femme, parce que le
Président Diouf m’avait emmenée chez elle. J’ai côtoyé Mme Diouf, Aminata
Mbengue Ndiaye, Pape Babacar Mbaye, Khalifa Sall…
Avec toute l’expérience acquise, je me suis dit que la
politique n’est pas un métier et que, nous femmes, si nous voulons réussir,
arriver là où nous voulons dans les instances de décisions, si nous voulons
être libres en politique, nous devons impérativement avoir l’indépendance
économique et financière de nos ambitions. C’est pourquoi je me suis lancée et
j’ai emmené d’autres qui étaient avec moi, en leur disant qu’au lieu de
toujours accompagner, je vais créer quelque chose qui va nous profiter à nous
tous. Des hommes et des femmes de ce pays nous accompagnent. L’avenir pour
2024, c’est que Khalifa Sall doit être accompagné de femmes. De femmes
politiques, d’administration, des femmes prêtes à aller dans les instances
supérieures. Que ce soit sur le plan politique ou sur le plan de
l’administration.
Vous parlez d’avenir avec Khalifa Sall, justement quelle est l’appréciation
que vous avez de ces élections ?
Pour le 24 février, il n’y a pas de surprise. Pour beaucoup de gens, en
tout cas, il n’y a pas de surprise. A propos du dialogue, pour moi, il faut
d’abord sortir Khalifa Sall de prison et ensuite foncer sur la table. Parce que
le processus électoral, aujourd’hui, si on ne cherche pas à savoir ce qu’il y a
dedans, on va continuer à crier pour rien. Et ce n’est pas ce qui est
recherché. On ne doit plus se laisser endormir. Je n’ai peut-être pas les mêmes
idées que mes camarades, mais je trouve que rester là et dire : non le processus,
le processus…je pense qu’il faut faire quelque chose. Allons creuser pour voir
ce qu’il y a dans le processus. Mais, la première étape est que Khalifa Sall
doit sortir de prison, parce que c’est d’abord un père de famille, un homme
politique. Mais aussi le maire de Dakar. Et avec tout ce qu’il a vécu ces deux
dernières années, je trouve que c’est injuste de le garder encore en
prison.
Vous n’êtes donc pas de ceux qui disent : liberté de Khalifa Sall ou
rien. Non ?
Non, il faut que Khalifa sorte, point. C’est cela la réalité. Il ne faut pas y
voir du chantage ou je ne sais quoi d’autre, mais il faut que Khalifa sorte de
prison, maintenant que les élections sont passées. S’il a été enfermé, c’est
pour qu’il ne soit pas candidat. Maintenant, qu’il sorte de prison. On ne
s’attend pas à autre chose.
Et quel commentaire vous inspire le départ de tous ceux qui étaient avec lui
avant les élections et qui ont fini par le lâcher ?
Je ne vais pas m’attarder sur cette affaire. Mais je sais qu’en 2024, tous
ceux-là qui étaient avec lui seront à nouveau avec lui et c’est cela le plus
important. Par expérience politique, je ne jetterai l’anathème sur personne. Je
sais que quand Khalifa sortira de prison, tous ceux qui étaient avec lui seront
à nouveau à ses côtés. C’est mon intime conviction et je pense que c’est cela
l’essentiel. Nous allons ensemble, main dans la main, reconquérir ce pays avec
Khalifa Sall.
Comment avez-vous vécu les retrouvailles de Tanor Dieng et de Me Aissata
Tall Sall, dans le cadre de la grande coalition au pouvoir ?
Nous sommes en politique ! je ne vais pas m’attarder sur cette question.
Ceux qui peuvent être ensemble sont ensemble. Nous, nous sommes avec Khalifa,
point !
Source Les ECHOS